L'idéal serait donc d'utiliser des atomes à une température
proche du zéro absolu (0 Kelvin = -273°C). Malheureusement,
l'intensité du jet d'atomes est directement lié à
la température du four les éjectant. Il faut donc refroidir
les atomes, après les avoir éjectés du four par chauffage.
Le principe utilisé est le refroidissement par irradiation laser.
Il est basé sur le fait qu'un atome, lorsqu'il absorbe un photon
correspondant à une de ses transitions atomiques, subit une impulsion
qui tend à le pousser dans la direction et le sens du photon qu'il
vient d'absorber. Imaginons un faisceau laser, horizontal, dont la fréquence
est très légèrement inférieure à une
fréquence de transition d'un atome. Si un atome, éclairé
par le laser, est immobile, il n'interagit pas avec le faisceau et reste
donc immobile. Si, par contre, il s'approche de la source laser, il voit
la fréquence du faisceau comme étant égale à
sa fréquence de transition (encore l'effet Doppler). Il absorbe
un photon et subit une impulsion dans le sens opposé à son
mouvement : il est donc freiné. En ajoutant un deuxième faisceau
laser dans le sens opposé, un autre couple de laser dans la direction
horizontale perpendiculaire (un dans un sens, l'autre dans le sens opposé),
et enfin, un dernier couple de laser dans la direction verticale, on réalise
une ``mélasse optique'' et l'atome est freiné quels que soient
la direction et le sens de sa vitesse. De plus, cet effet se conjugue avec
un autre effet quantique, appelé l'effet Sisyphe, qui a tendance
à confiner encore plus les atomes. On arrive par ce procédé
à refroidir les atomes à une température de 2 micro-Kelvin
(1 K vaut un millionième
de degré Kelvin), soit une vitesse moyenne d'agitation de 1,5 cm.s-1.
Figure 4: la fontaine atomique du BNM-LPTF (1,2 m de haut),
à gauche, et son schéma de principe, à droite
La stabilité de cette horloge a été évaluée à environ 5.10-16 sur une journée. Certaines améliorations prévues pourraient même lui permettre de descendre à une valeur de 10-16 (10 picosecondes par jour). Lorsque plusieurs horloges du même type (une dizaine sont actuellement en cours de réalisation, notamment en France, en Suisse, aux USA, au Japon ...) interviendront dans le calcul du TAI, la stabilité de ce dernier en sera grandement améliorée. Il est aussi à noter qu'une version spatiale d'une horloge à atomes refroidis (PHARAO), à laquelle sera adjoint un maser à hydrogène, devrait prochainement être embarquée à bord de la Station Spatiale Internationale afin de permettre des transferts de temps avec une précision de l'ordre d'une dizaine de picosecondes (projet ACES, Atomic Clock Ensemble in Space).