Déclaration de candidature à la direction de l'observatoire de Besançon

François Vernotte

Laboratoire d'Astrophysique de l'Observatoire de Besançon - UMR 6091
Tél. : 03 81 66 69 22 - E-mail : francois-at-obs-besancon.fr



J'ai décidé de me porter candidat à la direction de l'observatoire de Besançon.
 
En effet, conscient que cette décision constitue un engagement important, je pense néanmoins qu'il est du devoir de chaque chercheur de s'investir au moins une fois dans sa carrière dans une telle prise de responsabilités pour la bonne marche du laboratoire et, plus largement, pour le développement d'un OSU qui nous tient à coeur. Compte-tenu des circonstances actuelles, je pense que mon tour est arrivé.
 
Le principal problème d'occuper une telle fonction concerne le manque de disponibilité pour la recherche. C'est d'autant plus vrai pour un enseignant-chercheur pour qui l'enseignement est une tâche incompressible (et qui aurait même une fâcheuse tendance à s'alourdir depuis quelques années). Dans bien des cas, la prise d'une telle responsabilité pour un maître de conférences, implique le renoncement à passer dans le corps des professeurs des universités, faute d'un dossier de recherche suffisant. Cependant, il est maintenant possible de remplacer la prime de direction par une décharge significative de service d'enseignement, ce qui permet à l'enseignant-chercheur directeur de l'OSU de maintenir son potentiel et sa production scientifique, et de pouvoir prétendre à une promotion. Si le poste de professeur en 34ème section demandé par l'Université apparaît prochainement au concours, il est clair que je serai candidat. Ma réussite à ce concours devrait permettre le recrutement d'un maître de conférences en 34ème section. Dans ce contexte de développement de nos effectifs, j'accepte volontiers de me charger de la direction de l'observatoire avec toute la conscience professionnelle requise et dans le respect des principes qui me semblent essentiels à cette fonction.
 

Personnellement, je considère que le directeur doit savoir proposer, convaincre et arbitrer, dans l'intérêt général de l'observatoire. Pour autant, il ne peut imposer son avis contre celui de l'ensemble des personnels.

Bien que le directeur soit le responsable légal de l'établissement, je pense que les décisions importantes ne peuvent être prises que par le conseil de laboratoire et le conseil d'administration de l'observatoire, conformément à la politique initiée par les précédents directeurs. Dans un souci de transparence et afin d'élargir au maximum les débats, il me paraît également souhaitable que les délibérations du conseil de laboratoire soient très ouvertes, excepté bien sûr quand il s'agit de personnes. Je considère donc que le directeur de l'observatoire doit se limiter à un rôle de proposition et d'arbitrage, notamment au sein du conseil de laboratoire, dans le respect le plus strict du mode de fonctionnement collégial.

Il est indispensable que le directeur se situe au delà des différentes équipes afin d'oeuvrer au bien global de l'OSU. Je pense avoir déjà montré dans le passé que j'étais capable de faire passer les intérêts de l'observatoire avant ceux de ma propre équipe (et a fortiori avant les miens !), notamment dans le cas des recrutements. Une telle attitude doit être une règle incontournable lorsqu'on a la direction d'un établissement tel que l'observatoire de Besançon afin de pouvoir mener à bien les objectifs que je considère de premier plan.
 

Pour le futur proche, je vois trois priorités pour l'observatoire : sa représentation à l'extérieur, le remplacement des départs en retraite et la nécessité de participer à un DEA dont l'orientation correspond aux thématiques de l'établissement.

La représentation de l'observatoire au sein des instances locales (conseil de l'UFR, conseils de l'université, collectivités locales) et nationales (CNAP, comité du CNRS, CNU au ministère) est une nécessité lui garantissant des possibilités de recrutement.
    Si un rapprochement des instances locales a été amorcé sous la direction de Sonia Clairemidi, si la représentation nationale a été développée sous la direction de Philip Tuckey, des efforts doivent être poursuivis dans cette voie, d'autant plus qu'avec le départ de Philip, l'observatoire de Besançon perd sa représentation au comité de la section 14 du CNRS.
    Concernant le niveau local, par exemple, je suis candidat au conseil scientifique de l'université. Bien sûr, le directeur de l'OSU ne peut pas faire partie de tous ces conseils et comités, mais il est de son ressort de susciter des candidatures parmi les autres membres de l'établissement et de veiller aux bonnes relations de l'observatoire de Besançon avec ses instances de tutelle et les collectivités locales.
    De plus, il est maintenant devenu indispensable de prendre en compte les orientations européennes de la recherche. Le programme Galileo, par exemple, programme dans lequel l'équipe Temps-Fréquence est impliquée, constitue une des directions mises en avant dans le ``sixième programme-cadre'' de la communauté européenne (chapitre 1.1.4. Aéronautique et espace). C'est une occasion idéale pour inscrire l'observatoire de Besançon dans les pôles d'excellence européens.

2002 constitue une année charnière dans le renouvellement du personnel de l'OSU puisque 4 membres partiront en retraite cette année, dont 3 dans la seule équipe Temps-Fréquence. En plus, Philip Tuckey, également dans l'équipe Temps-Fréquence, et Marie-Lise Dubernet (équipe Physico-Chimie des Milieux Cométaire et Interstellaire) quitteront aussi l'établissement cette année. Enfin, dans les 4 années à venir, 5 chercheurs et enseignants-chercheurs actuellement en activité auront dépassé 60 ans.
    Si les postes de maîtres de conférences et de professeurs des universités ont de fortes chances d'être renouvelés en 34ème section, donc pour l'observatoire (encore qu'une grande vigilance s'impose devant les pressions visant à redistribuer ces postes dans les disciplines très déficitaires), il en va tout autrement des postes d'astronomes-adjoints et astronomes pour lesquels seule une image très attractive de notre OSU auprès du CNAP et auprès des candidats à ces postes pourra contribuer à compenser ces pertes. À cet égard, il faudra entamer une réflexion de fond pour savoir quelles thématiques devront être mises en avant et éventuellement pour recentrer nos activités de recherche. Cette réflexion sera particulièrement importante pour l'équipe Formation et Évolution Stellaire et Galactique, au sein de laquelle 2 chercheurs parmi 4 sont concernés par un départ en retraite prochain.
    De même, les postes techniques, qui risquent toujours de n'être pas renouvelés, devront faire l'objet de négociations individuelles auprès de l'université afin, bien sûr, qu'ils restent à l'observatoire, mais aussi qu'ils soient attribués à des candidats ayant toutes les compétences requises.
    Par exemple, l'organisation de l'administration sera naturellement remise en question avec le départ en retraite de Danielle Chabod : les responsabilités devront être redistribuées en ayant en mémoire les besoins du secrétariat scientifique, de la bibliothèque et de l'informatique. Car si la vitalité de l'observatoire s'appuie sans conteste sur le haut niveau des recherches qui y sont menées, elle dépend aussi beaucoup des qualités de l'ensemble de ses membres, quelles que soient leurs qualifications. Tous les personnels doivent donc être encouragés à suivre des formations. Une attention toute particulière devra être apportée à l'informatique, devenue particulièrement performante, et qui pourtant ne serait d'aucune utilité sans des personnels hautement qualifiés pour en assurer la maintenance.
    Mais le cas le plus préoccupant est le départ de Michel Vincent (août 2002), actuellement à la tête de l'équipe Temps-Fréquence. Nous souhaitons qu'il soit remplacé par François Meyer, ce qui permettrait de pérenniser la position de ce dernier qui est actuellement contractuel. Rien n'est gagné puisqu'il s'agit bien évidemment d'un concours national. Il faut rappeler que ce remplacement est vital pour l'équipe Temps-Fréquence, et donc pour l'observatoire puisque le Temps-Fréquence est la tâche de service reconnue qui justifie le statut d'OSU à notre établissement.

Le point faible le plus patent de l'observatoire concerne sa participation marginale à plusieurs DEA. Le problème est aigu puisqu'une participation active à un DEA assure le recrutement de stagiaires de DEA et surtout de doctorants.
    Le très faible nombre de doctorants à l'observatoire (3 pour 16 chercheurs) est à cet égard très significatif : bien que nous soyons conscients des risques à vouloir recruter trop de doctorants compte-tenu des faibles débouchés en astronomie-astrophysique, il est manifeste que ce nombre est très insuffisant. Il faut néanmoins signaler que la présence de l'observatoire dans les enseignements de l'UFR Sciences et Techniques de Besançon s'est considérablement accrue depuis 2 ans avec la création d'un module d'astrophysique conséquent (64 heures) en maîtrise de physique. L'observatoire est maintenant un des laboratoires bisontins bien connus et appréciés des étudiants, comme le montre le nombre d'étudiants de second cycle qui choisissent l'observatoire pour effectuer leurs Travaux Encadrés de Recherche. Pourtant, malgré ce vif intérêt de la part des étudiants, la nécessité pour eux de suivre un DEA soit à Besançon mais en dehors de l'astronomie, soit en astronomie mais en dehors de Besançon, fait que très peu d'étudiants ont la possibilité de revenir effectuer leur thèse à l'observatoire, en ``emportant'' une allocation de recherche provenant de l'école doctorale à laquelle appartient leur DEA.
    Afin de pallier en partie cette carence, qui n'est d'ailleurs pas propre à l'observatoire de Besançon, nous avons tenté en 2000 de créer un nouveau DEA centré sur le Temps-Fréquence. Ce DEA devait s'appuyer sur les 3 laboratoires bisontins impliqués dans ce thème : le LCEP (ENSMM), le LPMO (CNRS) et l'observatoire, et avait le soutien d'un grand nombre de laboratoires européens. Malheureusement, ce projet n'a pas été accepté. Cependant, fort de cette expérience, je souhaite remettre sur pied un projet de DEA plus général, orienté vers l'astrophysique, dont une option entièrement consacrée au Temps-Fréquence pourrait lui assurer un caractère original par rapport aux autres DEA français en astronomie. La création d'une cellule de réflexion sur ce projet constituera la première action que j'effectuerai si je suis élu, et sa concrétisation un objectif majeur de mon mandat.




François Vernotte - 18 février 2002